lundi 29 septembre 2008

Seuils (Partie 3.4)

J'ai enfin retrouvé mes codes (après mes 3 semaines de privation internautique, c'était pas gagné).
Du coup, j'ai retravaillé ce passage, et je met la version améliorée.
Bon, y'a pas grand chose qui change, mais je trouve qu'on comprend mieux comme ça.
Un peu.

Hervann abaissa son journal. L’enfant était toujours profondément endormi. Pourtant, il aurait juré l’avoir entendu parler. Un cauchemar peut-être. Il se rapprocha. Effectivement, maintenant l’enfant se débattait. Hervann tendit sa main, hésitant quelque peu à toucher la forme crasseuse. Il posa finalement sa main. Et la retira aussitôt. Elle avait pénétré à travers la peau. Juste d’un rien. Il approcha de nouveau un doigt. C’était ça. Il sentait la peau en dessous, mais ses yeux lui disaient qu’il avait le bout de son doigt enfoncé dans le poignet de l’enfant. D’ailleurs, à bien y regarder, sa peau était bizarre. On pouvait deviner la forme longiligne de l’os au travers. Et l’enfant continuait à marmonner. Hervann se rapprocha encore. « Je ne dirai rien », « Je ne dirai rien ». A force de bouger, sa capuche était tombée. C’était une fille, en fait. « Je ne dirai rien ». Et même... Il n’en était pas sûr à cause de la peau étrange, mais son visage semblait un peu… Rond, pour celui d’une ferene. « Laissez-moi partir ». Bon, il fallait le réveiller. Hervann secoua le poignet translucide. Un choc secoua le corps entier. La fille se redressa, les yeux écarquillés. Elle regarda Hervann sans le voir et s’élança. Hervann voulut tendre la main pour la retenir. Elle avait disparu. Hervann mordilla sa lèvre inférieure. Il voyait vraiment des choses étranges. La fille n’avait pas tourné le coin, il en était sûr. Elle était arrivée au bord du recoin. Et plus rien. Ramassant la robe, Hervann rejoignit Gimart, scrutant chaque pavé de la place.
« - Déjà reposé ? » Hervann s’appuya contre le mur à côté de l’agent. « Si on veut. Tu n’aurais pas vu un gamin ? Enfin, une gamine » Hervann plia machinalement la robe bleue. « Elle est a filé comme si elle avait la mort aux trousses ». Gimart haussa les sourcils, puis les épaules. « Vu personne. Si tu veux mon avis, tu t’es endormi au soleil ».
Hervann tourna la tête pour observer le recoin. Un petit carré de pavés à l’abri du vent. A fond, le mur de l’église. Sur sa gauche, celui d’une maison d’au moins deux mères de haut, la même chose sur la droite. Aucune fenêtre ne donnait dessus. Le gamin, il continuait à l’appeler comme ça, avait filé directement vers l’ouverture. Il était forcément passé devant Gimart pour sortir. Hervann redressa la tête. La distribution de nourriture touchait à sa fin. Les frères et les dames du comité étaient tous occupés à ranger les tables à tréteaux et les marmites, et les pauvres étaient presque tous partis. Hervann pouvait voir d’un bout à l’autre de la place, et nulle part n’apparaissait le petit capuchon noir. Voilà qui était intéressant. Mais il allait devoir y réfléchir plus tard. La femme du comité se dirigeait de nouveaux vers eux, ses chaussures à talons dérapant sur les pavés. Gimart haussa les épaules, lança à Hervann un regard signifiant clairement : « On ne va pas y couper », ramassa les assiettes de soupe, dont une était encore pleine, et se dirigea vers la grosse dame. Hervann lui emboîta le pas, la robe et le journal toujours dans les bras. Il devait absolument trouver qui était ce gamin. Enfin, cette gamine. Ses lèvres s’étirèrent en un fin sourire tandis qu’il rejoignait la femme. N’avait-elle pas dit qu’elle venait là tous les jours ?

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