vendredi 19 septembre 2008

Voyage en TGV

Et voici un petit résumé de mon voyage en TGV.
J'ai un peu romancé, bien sûr, mais les deux dames âgées en question avaient un petit côté stéréotype qui m'a bien fait rigoler.
Donc j'ai essayé de les décrire un peu. Pas méchamment, bien sûr, je suis adorable, tout le monde le sait. J'ai essayé de rendre un peu leur côté chiant, mais attachant quand même quelque part (avec de grosses cordes).
Texte à lire en écoutant "Les Bigotes" de Jacques Brel.
Pensez donc, elles allaient voir Benoît XVI.




Découvrez Jacques Brel!


Elles sont assises côtes à côte, ratatinées dans les étroits fauteuils de deuxième classe. Quand quelqu'un vient leur signaler qu'elles sont à sa place, elles répondent que c'est la faute du jeune homme qui a mis leurs valises dans le porte bagage. Il s'est trompé, comprenez ? Il les a mises au dessus du siège précédents. Alos elles se sont installées là, juste sous les bagages, au cas où on les volerait. C'est qu'on ne sait jamais. On pourrait les leur prendre. Même dans le TGV on n'est pas en sécurité.
Elles commencent à discuter. Des retards de la SNCF. Elles vont lourdes, voir le Pape, espérons qu'elles ne seront pas en retard cause de tout ça. La faute aux caténaires, vous savez ? Ils en parlent beaucoup à la télé. C'est que la SNCF, aujourd'hui, ce n'est plus comme avant, oh non. Et elles continuent. Il y en a une qui parle, et l’autre hoche la tête en rythme. Oui, oui. Oui, oui. Oh, vous avez bien raison.
Le contrôleur arrive. Mais leurs billets sont dans le sac, dans le porte bagage. La faute au jeune homme. Elles lui avaient bien dit de ne pas le monter Qui viendra leur descendre quand elles seront arrivées. Deux femmes aussi âgées, il faut avoir pitié. Vraiment, les jeunes... Le contrôleur finit par passer. Et puis le temps est long, alors elles recommencent leur étrange dialogue à une seule voix. Elles parlent temps qui ne sont plus sûrs. De la morale qui se perd. De son dernier accès de panique à cause de la morphine. Le médecin a dit que le dosage était trop fort. Et puis de fil en aiguilles, elles en viennent à parler des gens qu'elles connaissent toutes les deux. Et il y en a des tonnes, pensez ! Quarante ans qu'elles sont voisines, se justifie l’une. Et elles pointent du doigt leurs petits arrangements avec la vie, des mensonges et quelques compromissions. Elles sont bien placées pour juger, après tout. Aussi ben installées dans leurs petits fauteuils de TGV que dans leurs certitudes. Et elles meublent comme ça leur voyage. L’une qui parle et l’autre qui opine. Encore trois heures, tant que ça ? Si on parlait du journal ? Elles lisent le même bien sûr. Mais depuis quelques temps, cinq ans, pas plus, leurs article politiques, il en faut bien, ils ont changé, ils ne sont plus très bien. Ils étaient vraiment mieux avant, quand elles étaient du même avis que le journaliste qui les faisait, n'est-ce pas ? Il faudra leur écrire à ce sujet, qu'ils s’améliorent, Ah, on est bientôt arrivé. Il y en a une d'endormie, celle qui opine. L'autre ne s’en était pas aperçue, dites donc. Elle décide de bouger un peu. C'est tout un processus de se lever. Il faut bien penser à relever la tablette. Et puis les accoudoirs aussi. Et attendre que le train arrête de tourner. On est si fragile quand on a vieilli, elle le dit à l’endormie.
Finalement, elle se réveille. Juste temps. Il faut lui raconter. Vraiment, elle est outrée. Elle est allée aux toilettes. Elle y va deux fois par voyage, au moins. Si elle est retardée en y allant quelle histoire ! Elle ne supporte pas, elle fait un scandale ! Une femme de son âge, pensez donc ! Et justement, elle parlait de ça parce que les gens sont des cochons. Oh oui. Il y a du papier partout par terre, quelle horreur, ça colle aux chaussures. Mais les gens n'ont plus de manières que voulez-vous. Plus du tout. L’autre opine. Enfin elle, elle est tranquille, hein, après elle les gens peuvent passer. Elle n’a rien à se reprocher. Oh, mais on descend bientôt. On ferait mieux de descendre les valises. Quelqu'un pourrait nous aider ? Dommage que son fils ne soit pas là. Même s’il n’est pas un garçon bien doué, il aurait put descendre les valises. Et à propos, comment vont les enfants ? Elles se lèvent ensembles et se rendent petit pas vers le sas de sortie, le train entrera en gare dans dix minutes, il faut faire vite, se préparer.

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