samedi 13 septembre 2008

Défi 5

Et voici donc le défi 5.



Thème : Décrire un endroit que vous qualifiez de sinistre, glauque.


J'en ai profité pour contenter à la fois mon amie Flemme et mon amie Mori, en lui proposant pour l'occasion de faire dans ce défi la description du lieu où allaient se passer le RP glauque qu'elle prépare.

Et j'ai fait un truc dont j'étais pas satisfaite.

Donc aujourd'hui, petit effet avant/après.



En 1, ma première description, digne de mes exercices de collège, je trouve.



La bibliothèque anglicane possédait trois clochers, dressés comme les épines d’une plante sauvage au dessus des bâtiments et de la cour. Au fil du temps, leur couleur blanche s’était couverte de plaque noire, blessures infligées par la ville à ce bâtiment trop différent des tours en verre qui l’entouraient. Les gargouilles en faction sur les toits avaient elles aussi succombé à cette maladie de la modernité, et leurs visages noircis paraissaient d’autant plus vivants. Un haut mur de pierre entourait le bâtiment, le dérobant aux regards indiscrets. Le jardin qu’il protégeait avait été laissé à l’abandon depuis le départ des moines. Les mauvaises herbes s’étaient élevées en masses touffues, tandis que les fleurs avaient rapidement dépérit, laissant derrière elle de longues trainées de terre lépreuse.
L’on entrait par un portait de fer forgé, mangé par la rouille, qui ne pouvait s’empêcher de grincer, même quand personne ne le poussait. Il fallait ensuite suivre remonter l’allée bordée de ronces, puis passer devant deux statues, à moitié enfouies dans des buissons d’orties. Le porche se présentait ensuite, offrant aux chaussures son seuil de marbre ternis, et aux regards son imposante porte en chêne, bardée de ferronneries patibulaires. Derrière la porte, le couloir semblait se dérouler à l’infini, ses murs nus s’étirant de manière trompeuse entre deux fenêtres hautes. Un simple tapis rouge l’habillait, avalant goulument les bruits de pas des visiteurs.
Au bout du couloir, une autre porte gardait l’entrée de la salle de bibliothèque principale. De longues tables de bois verni traversaient la salle comme des cicatrices. Les étagères se répandaient sur tous les murs de la salle. Les livres avaient même pris d’assaut les fenêtres, des piles entières de livres à ranger masquant sournoisement l’espace jusque là réservé à la lumière. Pour pallier à ce manque, les anciennes lampes à huile avaient été aménagées pour que des ampoules y soient installées, mais la faible lueur qu’elles émettaient faisaient davantage ressortir l’obscurité qu’elles ne la combattaient. Dans la pénombre, le silence s’étirait langoureusement entre les tranches austères des livres.



Et en 2 : La version finale que je vais renvoyer à Mori dès ce soir.



Ce qu’on voyait d’abord de la bibliothèque, c’étaient les trois flèches de pierre moussue dont les flèches menaçaient les nuages. Ensuite, on distinguait le mur d’enceinte, du gris des pierres laissées à l’abandon. Comme une grand-tante trop attentive, il cachait à la vue la moindre fenêtre du bâtiment. Il fallait remonter la rue jusqu’au portail pour espérer en avoir un aperçu. Et ce portait seul pouvait déjà justifier de la sinistre réputation de la bibliothèque. Ses courbes de fer noir avaient la beauté des ronces sauvages et s’entrelaçaient à tel point qu’en collant le visage à un interstice entre deux tiges, on pouvait tout juste deviner l’allée de sable terne qui menait à l’entrée. Il fallait pousser sa poignée sculptée en forme de démon et l’ouvrir dans un grincement sonore pour pouvoir observer la bibliothèque.
Les plates bandes qui naissaient au pied du mur retenaient d’abord l’attention. Les buissons d’ortie avaient pris la place des bégonias, tandis que les genévriers étouffaient à petit feu les buissons de roses qui ne donnaient plus de fleurs. On distinguait encore au milieu de l’amas végétal quelques statues, datant du temps où la bibliothèque était une abbaye. On disait qu’elles représentaient les vices et les vertus, mais sous la mousse épaisse, il était impossible de les départager.
Et quand le regard quittait les herbes, il remontait l’allée, où même les mauvaises herbes n’arrivaient pas à prospérer, et se posait sur la porte d’entrée. Massive et noire, elle mettait au défi d’approcher quiconque n’avait rien d’important à faire là. Des barres de métal avaient été clouées dessus pour la renforcer et brillaient sinistrement au moindre rayon de soleil. Juste devant la porte, deux statues de démons en gardaient l’entrée avec vigilance, leurs yeux recouverts de lierre suivant chaque pas de l’imprudent qui remontait l’allée.
Une fois la porte ouverte, le visiteur voyait se dérouler devant lui un couloir apparemment plus long que le bâtiment lui-même, au milieu duquel un épais tapis rouge étouffait avec délectation les bruits de pas. Aucune décoration n’égayait les murs nus, mis à part les ombres portées des visiteurs, qui se déformaient dans la lumière oblique des lampes, jusqu’à sembler appartenir à un être mystérieux penché sur son épaule plutôt qu’à une projection de soi-même.
Au cout du couloir s’ouvrait la porte de la bibliothèque proprement dite. Une porte de chêne, elle aussi bardée de fer et de clous pour interdire l’accès aux livres. Juste derrière, une ancienne chaire, descendue et adaptée pour servir de bureau de prêt, guettait l’arrivant. Mais ce qui retenait le plus l’attention, c’étaient les livres. Du sol, les étagères se lançaient à l’assaut du plafond, emportant dans leurs rayonnages des armées de livres. Ils occupaient déjà les fenêtres, des piles de livres à ranger ayant sournoisement colonisé l’espace jusque là réservé à la lumière. Des lampes avaient été dissimulées dans les anciennes lampes à huile fixées au mur, mais elles ne faisaient que souligner les recoins sombres et les espaces tapis derrières les rayonnages. Et de ces poches enténébrées sortait un silence recueilli, rempli de l’odeur des livres anciens.



Aucun commentaire: